comme un gâteau feuilleté. Derrière elles marchait un haut laquais à favoris énormes avec une douzaine de collets à sa livrée.
Kovaliov fit quelques pas en avant, rajusta son col de batiste, arrangea ses cachets suspendus à une chaînette d’or et, la figure souriante, fixa son attention sur la dame fluette qui, pareille à une fleurette printanière, se penchait légèrement et portait à son front sa menotte blanche aux doigts transparents. Le sourire de Kovaliov s’élargit encore lorsqu’il aperçut sous le chapeau un petit menton rond d’une blancheur éclatante et une partie de la joue, teintée légèrement de rose.
Mais tout à coup il fit un bond en arrière comme s’il s’était brûlé. Il se rappela qu’il avait, à la place du nez, un vide absolu, et des larmes jaillirent de ses yeux. Il se retourna pour déclarer sans ambages au monsieur en uniforme qu’il n’avait que les apparences d’un conseiller d’État, qu’il n’était qu’un lâche et qu’un coquin et enfin pas autre chose que son propre nez… Mais le nez n’était plus là ; il avait eu le temps de repartir, sans doute pour continuer ses visites.
Cette disparition plongea Kovaliov dans le désespoir. Il revint en arrière et s’arrêta un instant sous les arcades, en jetant des regards de tous les côtés, dans l’espérance d’apercevoir le nez quelque part. Il se rappelait très bien qu’il portait un chapeau à plumes et un uniforme brodé d’or, mais il n’avait pas remarqué la forme de son manteau, ni la couleur de sa voiture et de ses chevaux, ni même s’il avait derrière la voiture un laquais et quelle était sa livrée. Et puis, tant de