Page:L'âme russe, contes choisis, trad Golschmann et Jaubert, 1896.djvu/48

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sant, tout à coup se trouva devant lui ; — et Hermann reconnut la comtesse !

— Je suis venue contre ma volonté, dit-elle d’un ton brusque ; mais on m’a ordonné d’exaucer ta prière. Le trois, le sept et l’as, consécutivement, te feront gagner ; mais ne joue pas plus d’une carte par vingt-quatre heures, et ensuite ne joue plus de ta vie. Je te pardonne ma mort, à la condition que tu épouseras ma pupille Lisaveta Ivanovna.

Après ces paroles, elle se retourna lentement, gagna la porte et disparut en faisant claquer ses pantoufles. Hermann entendit la porte du vestibule se refermer avec force, et vit de nouveau quelqu’un regarder chez lui par la fenêtre.

Hermann fut longtemps sans recouvrer ses esprits. Il sortit dans le vestibule. Son ordonnance dormait sur le plancher. Hermann eut dé la peine à le réveiller : il était ivre comme à l’ordinaire ; impossible de tirer de lui une réponse catégorique. La porte du vestibule était fermée. Hermann revint dans sa chambre, alluma sa bougie et nota sa vision.