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IV


7 mai 18..
Homme sans mœurs et sans religion[1].
(Correspondance.)



Assise dans sa chambre, ayant encore sa toilette de bal, Lisaveta Ivanovna s’abîmait dans de profondes réflexions. En rentrant à la maison elle s’était hâtée de renvoyer la servante ensommeillée qui offrait ses services à contre-cœur, en lui disant qu’elle se déshabillerait elle-même. Puis, toute tremblante, elle avait gagné sa chambre, s’attendant à y trouver Hermann, mais désirant de ne point l’y trouver. Le premier coup d’œil l’assura de son absence ; et elle remercia le sort d’avoir empêché leur rendez-vous.

Elle s’assit, sans se déshabiller, et se mit à songer. Elle se rappelait toutes les circonstances qui l’avaient entraînée si loin en si peu de temps. Voilà trois semaines à peine qu’elle avait vu pour la première fois le jeune homme par la fenêtre, — et déjà ils s’écrivaient, déjà il avait obtenu d’elle un rendez-vous ! Si elle savait son nom, c’était — unique-

  1. En français dans le texte.