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L’AME RUSSE


« L'âme flottante des Russes dérive à travers toutes les philosophies et toutes les erreurs. Cette âme n’est jamais impénitente, on l’entend gémir et chercher : elle se reprend finalement et se rachète par la charité ; charité plus ou moins active chez Tourgueneff et Tolstoï, effrénée chez Dostoïevsky jusqu’à devenir une passion douloureuse...

« Après la sympathie, le trait distinctif de ces réalistes est l'intelligence des dessous, de l’entour de la vie. Ils serrent l'étude du réel de plus près qu’on ne l'a jamais fait, ils y paraissent confinés, et néanmoins ils méditent sur l'invisible ; par delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent... »
Vicomte E.-M. de Vogüé, Le Roman Russe.