— Qu’est-ce donc, Pavel ?
— Permettez-moi de vous présenter l’un de nos amis et de vous l’amener vendredi au bal.
— Amène-le au bal, et là, tu me le présenteras. Etais-tu hier chez *** ?
— Certes, et c’était fort gai. On a dansé jusqu’à cinq heures. Qu’elle était jolie, Eleztkaïa !
— Qu’y a-t-il donc de si joli en elle, mon cher ? Si tu avais vu sa grand’mère, Darya Petrovna!... À ce propos, elle doit être très vieille, la princesse Darya Petrovna !
— Comment, très vieille ! répondit distraitement Tomsky ; mais voilà sept ans quelle est morte ?
La barichnia leva la tête et fit un signe au jeune homme. Il se rappela qu’on cachait à la vieille comtesse la mort des personnes de son âge, et se mordit les lèvres. Mais la comtesse accueillit cette nouvelle avec une parfaite indifférence.
— Elle est morte, dit-elle, et moi qui ne le savais même pas ! Nous fûmes choisies ensemble comme demoiselles d’honneur, et lorsque nous nous présentâmes, l’impératrice...
Et la comtesse, pour la centième fois, raconta son anecdote à son petit-fils.
— Maintenant, Pavel, dit-elle ensuite, aide-moi à me lever... Lisagnka[1], où est ma tabatière ?
La comtesse s’en fut avec ses suivantes derrière un paravent achever sa toilette. Tomsky demeura avec la barichnia.
- ↑ Diminutif de Lisaveta, Elisabeth.