barbe, ni rien. Ma belle-mère, elle non plus n’y voit goutte.
Kovaliov était hors de lui :
– Où est-il, où ?… J’y cours tout de suite.
– Ne vous dérangez pas. Sachant que vous en aviez besoin, je l’ai apporté avec moi. Et ce qu’il y a de singulier, c’est que le principal coupable, en cette affaire, est un coquin de barbier de la rue Vozniessensk qui est maintenant enfermé au violon. Depuis longtemps je le soupçonnais d’ivrognerie et de vol : avant-hier encore, il avait dérobé dans une boutique une douzaine de boutons… Votre nez est resté tel qu’il était.
À ces mots, le commissaire fourra ses mains dans sa poche et en retira le nez enveloppé dans du papier.
– C’est cela, c’est lui ! s’écria Kovaliov, c’est bien lui… Voulez-vous prendre tout à l’heure, avec moi, une tasse de thé ?
– Cela me ferait bien plaisir, mais je ne peux pas. Je dois me rendre d’ici à la maison de force… Les vivres sont devenus très chers maintenant… J’ai avec moi ma belle-mère et puis des enfants, l’aîné surtout donne de grandes espérances ; c’est un garçon très intelligent, mais les moyens nécessaires pour leur éducation me font absolument défaut.
Après le départ du commissaire, Kovaliov demeura dans un état d’âme en quelque sorte vague, et ce ne fut que quelques instants après qu’il reconquit la faculté de voir et de sentir, si grand avait été le saisissement dans lequel l’avait plongé cette joie inattendue. Il prit avec précaution le nez retrouvé dans le creux de ses mains et l’examina encore une fois avec la plus grande attention :