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volonté réfléchie. Ce chef du romantisme russe, qui s’inspire de Byron dans ses poésies lyriques, et de Shakespeare dans ses essais dramatiques, reste fidèle, dans ses œuvres en prose, aux classiques français dont il est tout nourri, et surtout au précis, au clair Voltaire. — Cette tournure d’esprit n’a pas peu contribué à la faveur dont le nom de Pouchkine jouit auprès des lettrés français : ils ont. reconnu, dans les nouvelles de l’écrivain russe, des qualités qui leur sont particulièrement chères, toutes les qualités littéraires qu’on ne reverra plus chez les écrivains de son pays ; il est aussi concis qu’ils sont diffus, aussi limpide qu’ils sont troubles ; son style châtié, alerte, est élégant et pur de son comme un bronze grec ; en un mot, il a le goût, un terme qui, après lui, n’aura plus guère d’emploi dans les lettres russes [1] ».

Outre ses nouvelles, dont nous donnons ci-après deux- des plus remarquables, celui que l'éminent critique cité plus haut appelle « le Pierre le Grand des lettres » a laissé des Odes, des Épitres, un poème romantique en 6 chants, Rouslan et Ludmila (1820), le Prisonnier du Caucase (1824), les Bohémiens (1827), Oniéguine, Pollawa, des Elégies et Boris Godounov (1831), tragédie mi-partie prose et vers, drame shakespearien sur un sujet moscovite.


  1. Vicomte Eugêne-Melchoir de Yogûe, Le roman russe.