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Mais ayant appris à prononcer é, i, o, u, par la première opération dont j’ai rendu compte, ils disent tout de suite pé, pi, po, pu ; il n’y a que le pi qui est souvent obscur, et qui le reste plus ou moins long-temps.

J’écris ba, bé, bi, bo, bu, parce que le b n’est qu’un adoucissement du p[1]. Pour faire entendre cette différence au sourd-muet, je mets ma main sur la sienne ou sur son épaule, et je la presse fortement, en lui faisant observer que mes lèvres se pressent de même fortement l’une contre l’autre lorsque je dis pa. Après cela je presse plus doucement la main ou l’épaule, et je fais remarquer la pression plus douce de mes lèvres en disant ba. Le sourd-muet, pour l’ordinaire, saisit cette dif-

    on le fait faire encore aux enfans dans les écoles, où pour lire le mot maman, par exemple, l’enfant est obligé de dire d’abord emme a, emme a enne, et de deviner ensuite que cela signifie maman. Véritable tour de force, méthode absurde, qui fait le désespoir du premier âge.

  1. Le b n’est pas un simple adoucissement du p. Dans le p le souffle est comme retenu au-dedans de nous, et sort ensuite avec vivacité au bout des lèvres.
    Le son du b est plus profond, il est précédé d’une sorte de frémissement qui part du fond de la bouche, suit le palais, et adoucit en sortant le son du p.