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ajouter à celui-ci, & que le NIHIL emporte, que je n’ai pas pû profiter de ces Ecrits, quoiqu’ingenieux, autant que je me l’étois figuré d’abord. Paſſerat dit, par exemple, dans ſon Eloge de NIHIL :

Zenonis sapiens NIHIL admiratur & optat.

Ce qui veut dire en François.

Le sage de Zenon ou le Stoîcien
N’admire & ne désire RIEN.

Où l’on voit par la négation ne en François, que ce qui eſt une louange de NIHIL dans le vers Latin de Paſſerat, n’en est pas une de RIEN, lorsque ce vers eſt traduit en François. Pour faire encore mieux sentir cette différence, j’ai crû faire plaiſir à bien des gens de mettre tout au long la Piece Latine de Paſſerat sur le NIHIL[1] par lui tant vanté, d’autant plus volontiers que cette Piece est rare, & quelle renferme un jeu d’eſprit qui plaiſoit beaucoup autrefois, & dont je crains fort qu’on ne ſe ſoucie guéres aujourd’hui, parce qu’on n’aime plus que les jeux qui apportent de l’argent, & que l’eſprit & les belles Lettres deviennent tout-à-fait hors de mode.

Un inconnu m’a envoyé cette Epigramme ſur mon Eloge de RIEN, & m’a prié de l’inſerer à la fin de ma Poſtface ; je défere avec plaiſir à ce qu’il ſouhaite.

  1. A la fin de l’Eloge de quelque Choſe.