Un autre Auteur[1] a dit dans le même ſens :
Le ſage écoute tout, s’explique en peu de mots,
Il interroge, & répond à propos,
Plaît toujours ſans penſer à plaire,
Dans ſes moindres diſcours fait voir ſon jugement,
Et ſçait au juſte le moment
Qu’il doit ou parler, ou ſe taire :
Devant un plus ſage que lui
Rarement il ouvre la bouche,
Il n’eſt point curieux des affaires d’autrui,
Et ce qui le regarde eſt tout ce qui le touche ;
Jamais à s’affliger il n’eſt ingenieux,
Il s’accommode aux tems, aux perſonnes, aux lieux,
Ne s’allarme jamais d’une choſe incertaine :
Il court par ſa prudence au-devant du danger :
Et ſouffre ſans chagrin, ſans murmure & ſans peine
Ce qu’il ne peut ni rompre ni changer.
Le repos de l’eſprit eſt tout ce qu’il ſouhaite,
Et s’il n’a pas beaucoup de bien,
Du peu qu’il a ſon ame eſt ſatiſfaite,
Et tout ce qu’il n’a pas il le compte pour RIEN.
On dit que tout ce qui eſt précieux coûte beaucoup à acquérir ; qu’y a-t’il en ce cas de plus précieux que RIEN ? Puiſqu’on n’aquiert RIEN qu’avec peine, puiſqu’on n’obtient RIEN qu’après bien des ſollicitations ; puiſqu’on n’apprend RIEN qu’à force d’application & d’étude ; puiſ-
- ↑ Chevreau.