Page:L'Éloge de Rien, dédié à personne - 3ème édition - Louis Coquelet, 1730.pdf/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En fait de Comédies, que Moliere & Regnard ? RIEN. En fait de Satyres, que Regnier & Deſpreaux ? RIEN. En fait d’Hiſtoires, que Daniel & Mezeray ? RIEN. En fait de Romans, que Zaïde, la Princeſſe de Cleves & les Œuvres de Madame de Ville-Dieu ? RIEN. Qu’avons-nous en fait d’Aſtronomie de plus clair & plus à portée de tout le monde que les Soirs de Fontenelle ? RIEN. Parcourez toutes les Sciences, tous les Arts, tous les Emplois, tout ce qu’il y a de plus rare dans ce vaſte Univers ; après un mûr examen, vous trouverez que tout y eſt moins que RIEN, & qu’hormis une ſeule choſe, tout y doit être compté pour RIEN. Il faut que RIEN après tout ſoit quelque choſe de bien excellent, puiſqu’un des plus célébres Auteurs[1] du dernier ſiecle a mis RIEN immédiatement au-deſſus d’un Livre qui fait l’amuſement de mille gens, & l’érudition principale des beaux Eſprits de la Province. Le fameux Duc de Valentinois[2] Ceſar de Borgia, ne mettoit pas de

  1. La Bruyere.
  2. Ce Duc de Valentinois qui avoit de ſi grands deſſeins, & à qui les plus grands crimes coutoient peu de choſe pour en venir à bout, fut dans la ſuite dépouillé de tous ſes biens, mis en priſon par ordre de Ferdinand Roy d’Arragon, & tué dans