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rablement à tout ce qui ſe dit & s’écrit parmi nous la plûpart du tems, j’oſe encore ſoutenir que RIEN eſt digne de toutes nos loüanges par lui-même, & qu’on ne doit jamais oublier RIEN quand il s’agit de préconiſer le mérite & la vertu. Si d’abord vous faites attention à l’ancienneté de RIEN, quel être, ſi vous en exceptez l’Etre ſouverain, eſt plus ancien que RIEN ? On peut même avancer ſans crainte d’impiété, que RIEN eſt auſſi ancien que l’Etre ſouverain lui-même : car enfin qu’y avoit-il avant que les Anges & le Monde fuſſent créez ? RIEN. Qu’y a-t’il eu de toute éternité avec Dieu ? RIEN. Tout a commencé par RIEN, & RIEN n’a jamais eu de commencement. Si on conſidére l’excellence de RIEN, elle eſt admirable ; RIEN, auſſi-bien que la Divinité, ne ſe peut définir que par lui-même. Qu’eſt-ce que RIEN ? C’eſt RIEN. Comme elle, RIEN eſt immenſe, incommenſurable, & s’étend au-delà de toutes choſes. RIEN eſt immuable & indiviſible. On ne ſçauroit l’augmenter, ni le diminuer. Ajoutez RIEN à RIEN, cela fait toujours RIEN. Otez RIEN, de RIEN, il reſte toujours RIEN. RIEN ne vient de perſonne, & tout ce que nous voyons dans la nature vient de RIEN. Ce ſoleil