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Quelle extravagance, dira-t-on ! & qui s’eſt jamais avisé de faire un Diſcours ſur RIEN ? Qu’y a-t’il donc de ſi blâmable dans mon entrepriſe, Meſſieurs ? Ne vaut-il pas mieux faire un Diſcours ſur RIEN, que de compoſer de froides Comédies comme Afranius, des Tragédies pitoyables comme Barbaridés, des Opera ennuyeux comme Craſſotius, des Odes proſaïques comme Dariolin, des Epigrammes ordurieres comme Epaphos, des Vaudevilles libertins comme Horribilis, des Babioles périodiques Comme Faribolin, des Poëmes inſipides comme Garalipton, de fades Eloges comme Tœdioſus & Miſeremini, des Brevets ſatyriques comme Regius, des Diſſertations vagues & infructueuſes comme Lucius, des Romans dangereux comme Patelinius ? Ne vaut-il pas mieux diſcourir de RIEN, que de faire des raiſonnemens creux ſur la Politique comme Navardius, que de raconter des avantures équivoques comme Turpius, que de médire éternellement de tout le monde comme Oledicus, que de faire des Syſtêmes en l’air & vuides de ſens comme Vagantinus ; que de parler enfin à tort & à travers de tout ce qu’on ſçait & qu’on ne ſçait pas comme Strepitoſus. Mais non-ſeulement il vaut mieux parler de RIEN préfé-