elle a été respectable, riche et vertueuse ; mais elle a été ruinée d’abord par un frère, et perdue ensuite… vous ne devineriez pas par qui ?… Par un monstre, par maître Jacques, enfin !…
— Maître Jacques, Stéphane, maître Jacques !
— Oui, par maître Jacques… Comprenez-vous maintenant pourquoi je pleure ?…
Maître Jacques, continua Stéphane en retombant dans un accès de désespoir, le père d’Helmina, d’une jeune fille que j’ai tant aimée, que j’aime encore ; vous comprenez donc maintenant pourquoi je pleure !…
Et Stéphane se frappait le front et se tordait les bras en répétant toujours : vous comprenez donc pourquoi je pleure !
— Du calme, de la raison, mon cher Stéphane, dit Émile en lui retenant les bras.
— Non, plus de calme, Émile, plus de repos, que lorsque la mort me le donnera ; mais toujours du chagrin, toujours des larmes.
Puis il tomba dans de nouvelles crises. Portant partout ses yeux égarés, il se leva tout à coup et se rua sur tout ce qu’il rencontra, malgré les efforts de Magloire et d’Émile… Le voilà, le misérable, le voilà, Émile ; le voyez-vous ?… Approche donc, infâme ; tenez, sa fille est avec lui. Helmina, ma chère Helmina, elle pleure… il l’a battue, le lâche !…
En même temps, son père, attiré par ses cris, ouvrit la porte.
— Qu’est-ce que ce bruit ? demanda-t-il. Mon Dieu, il est fou ! mon fils est fou !
Puis il s’avança pour parler à Stéphane.
— Tenez, dit Stéphane en le voyant venir ; le voilà encore le scélérat, il approche, il va me tuer… Et Stéphane tomba sur une chaise, hors d’haleine.
— Que dit-il ?, Seigneur ! dit M. D… tu ne me reconnais donc pas, mon cher enfant ?
Stéphane le regarda attentivement depuis les pieds jusqu’à la tête.