Stéphane pour la première fois, baissa les yeux et fut si troublée qu’elle fut incapable de dire un mot.
— Que voulez-vous, ma pauvre enfant ? lui dit Stéphane avec douceur, car il s’était aperçu qu’elle avait du chagrin.
— Ma mère voudrait vous voir, répondit-elle en sanglotant.
— Quelle est votre mère, ma chère ?
— Mme La Troupe.
— Et pourquoi pleurez-vous tant ? est-il arrivé quelque malheur à votre mère ?
— Hélas ! oui, monsieur, dit Élise en se cachant les yeux dans ses deux mains, maman est en prison.
— En prison ! dit Stéphane foudroyé par cette nouvelle, en prison !… Écoutez, Élise, ajouta-t-il après s’être remis un peu, cessez de pleurer, et, allez dire à votre mère que, quoiqu’il m’en coûte beaucoup d’aller lui rendre visite dans un pareil lieu, cependant elle peut m’attendre dans une demi-heure. Allez, ma pauvre petite.
Et Stéphane prit la main d’Élise et la conduisit en lui donnant une pièce d’argent.
Un quart d’heure après, Stéphane entrait dans les prisons au milieu des jurements et des imprécations des portiers et d’une soldatesque grossière et impudente.
Les prisons !… ne semble-t-il pas que ce mot seul, prisons, exprime quelque chose de terrible et d’effrayant, quelque chose de redoutable, qui glace le sang et brise le cœur ? Lorsque vous prononcez ce mot ou que vous l’entendez dire, ne vous figurez-vous pas sur-le-champ des murs épais, des cachots ténébreux et, infects, des grilles et des portes de fer, des spectres hideux, des personnes décharnées ? Ne croyez-vous pas entendre des gémissements sourds, des cris aigus, des larmes continuelles, le bruit des chaînes, le fracas des criminels ? Ce mot, prison, ne vous retrace-t-il pas un séjour de douleur et de sup-