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LA FILLE

Maurice, comme on peut le penser, ne fut pas sans faire des réflexions terribles sur sa situation actuelle et sur l’autre, plus horrible encore, qui l’attendait d’après ce que madame La Troupe avait dit. Il traversait machinalement toutes les rues, la tête basse, les bras pendants, et en prononçant souvent à demi-voix des imprécations terribles. À sa démarche, il était facile de voir qu’il était sous l’influence du désespoir. Ce fut dans cet état qu’il arriva sur le marché. Il y était depuis dix minutes, lorsqu’il entendit prononcer, à côté de lui, un nom qui le frappa ; il leva la tête et aperçut un homme d’un certain âge, très bien mis, qui paraissait arriver d’un long voyage ; c’était M. des Lauriers dont nos lecteurs ont déjà vu le nom sur une lettre qu’il avait adressée à maître Jacques. Maurice le considéra avec attention ; il fut sur le point d’aller lui parler ; mais la crainte l’arrêta. Il se retira tout à coup de la halle, une idée lumineuse venait de traverser son esprit.

Bientôt on le vit marcher à pas précipités dans la rue Saint-Louis ; et, à quelque distance, on aperçut un autre homme qui suivait la même direction et qui paraissait ne pas vouloir le perdre de vue. C’était Magloire, le domestique de Stéphane.


IX

RÉVÉLATIONS


Stéphane, content d’avoir pu mettre son dessein à exécution, avait laissé la halle et s’était rendu chez lui afin d’atteindre le résultat de ce dernier moyen d’avoir des informations sur l’existence de maître Jacques. Il n’y avait pas dix minutes qu’il était arrivé lorsqu’on vint lui dire que quelqu’un désirait lui parler. Il descendit dans l’antichambre et aperçut une jolie petite fille, mais d’une pâleur extrême et les yeux pleins de larmes. Élise, c’était la fille de madame La Troupe, en voyant