sûr de sa discrétion, ne lui cachait rien ; aussi ne pouvait-il comprendre comment il avait pu lui cacher jusqu’à ce jour qu’il n’était pas le père d’Helmina.
VIII
LA JUSTICE COMMENCE
Maurice, en parcourant les carrefours du faubourg Saint-Louis, ne voulut pas se rendre sur le marché sans entrer encore une fois chez Mme La Troupe pour goûter de ce gin excellent qui l’avait tant exalté la veille, et pour se débarrasser un peu de la boue qu’il avait amassée dans ses excursions nocturnes ; et en cela il n’était pas guidé par la propreté, mais bien par la crainte de paraître suspect. Il augmenta donc le pas pour éviter, autant que possible, quelque rencontre désagréable ; et dans un instant il se trouva au coin de la rue de l’auberge. Il fut d’abord surpris de trouver tout fermé, mais pensant ensuite que Mme La Troupe était dans l’habitude de veiller fort tard, il crut qu’elle n’était pas encore levée.
— Hein ! hein ! la mère, t’as fait la galipote, j’cré, hier au soir ; mais faut qu’tu t’lèves, ma vieille.
Et il se mit à frapper rudement à la porte ; le bruit qu’il fit se répandit dans l’intérieur comme un écho lent et sourd, semblable à celui que l’on entend dans un vaste souterrain.
— La vieille sorcière dort comme une souche, dit Maurice après avoir attendu inutilement cinq minutes. Holà ! Mme La Troupe, ouvrez, que diable ! faut-il cogner trois heures encore ? et il appliqua dans la porte un violent coup de poing qui l’ébranla et la fit craquer horriblement ; puis il y eut encore un silence de deux minutes après lequel Maurice, dont la patience était à bout, était sur le point d’enfoncer la porte, lorsqu’il se sentit frapper sur l’épaule.