Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LA FILLE

remettre une lettre que je te donnerai, sans que personne te remarque, il n’y a rien que je ne te donnerai pour te récompenser. As-tu bien compris ?

— Ah ! oui, comme il faut.

— Et tu consens ?

— C’te demande !

— C’est bien, je te remercie : va te coucher maintenant ; surtout prends bien garde de dire un mot de tout ceci à qui que ce soit.

— Le diable ne me fera pas parler.

— Et tâche de faire cela sans être remarqué.

— Il n’y a pas de danger.

— C’est bon ! bonne nuit, mon brave, à demain.

Et Stéphane fit encore prendre à Magloire un verre de “brandy” qui acheva de le gagner ; il sortit en faisant mille gestes qui le divertirent un peu.

Aussitôt qu’il fut seul, Stéphane se mit en devoir d’écrire la lettre qu’il devait envoyer à Helmina. Il s’appuya longtemps la tête sur son bureau, puis après avoir retaillé vingt fois la même plume et après avoir déchiré au moins dix feuilles de papier doré et fleuri, il en plia une bien soigneusement, y introduisit une boucle de ses cheveux et la plaça dans une petite caisse en ferblanc qui fermait à double clef. Un quart d’heure après, Stéphane accablé par les diverses impressions qu’il avait reçues dans le cours de la journée, reposait dans les bras de Morphée.


VII

MAÎTRE JACQUES ET MAURICE


Maurice, après être sorti de l’auberge du faubourg Saint-Louis, venait justement d’emboucher la rue Saint-M… lorsqu’il vit briller à quelque distance une lumière vive et scintillante placée sur le fronton d’une grande maison, dans la lanterne entourée d’une toile blanche et qui portait cette inscription en lettres d’or : « GLOBE HOTEL. » Il s’avança de plus près et se levant sur le bout de ses pieds, il aperçut à travers une fenêtre maître