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DU BRIGAND
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Après une demi-heure de ce silence, celui qui paraissait avoir le plus d’autorité se leva tout à coup, et, après, avoir regardé par une ouverture pratiquée sur le côté de la cabane, regagna son siège en fredonnant une vieille chanson de nautonier.

— Diable (I), Lampsac, vous chantez comme un oiseau aujourd’hui, dit Mouflard qui venait de laisser sa pipe et paraissait assez disposé à entrer en conversation.

— Oui, Mouflard, et pourtant que l’…-…si j’ai envie de chanter.

— Ouache ! encore quelque fantaisie, je suppose ; vous êtes drôlement capricieux, Lampsac, soit dit entre nous ; hein, Bouleau ?

Ceci s’adressait à notre troisième personnage, qui était entièrement couché sur son banc et poussait de temps en temps de longs bâillements.

— C’est vrai, Mouflard ; mais au fait, vous autres, dit Bouleau en se mettant sur son séant, ne trouvez-vous pas que le père Munro est un peu longtemps ?

— Pas mal, en effet, dit Mouflard. Qui sait ? le vieux aurait peut-être été assez bête pour se faire empoigner.

— Paix ! s’écria Lampsac en appliquant sur la souche un vigoureux coup de poing ; respect au père, imbécile que tu es ; il y a bien assez du gros Jignac qui a manqué de se laisser accrocher. — Oh ! à propos de Jignac, savez-vous qu’il s’est fait attraper à mon goût ?

Lampsac se mit à rire à gorge déployée.

— Le gros Jignac attrapé ! dit Mouflard en l’imitant ; ah ben ! ça doit être diablement embêtant ; ah ! oui, ça doit être une curieuse farce. Contez-nous ça Lampsac ; sur mon âme, ça doit être drôle, hein, Bouleau ?… Mais quand on pense qu’il dort ; que l’gros Charlot m’extermine, c’t’animal-là dormirait dans l’enfer. Mais voyons donc, Lampsac, contez-nous ça ; je donnerais la bague de ma petite Julie pour connaître c’t’histoire-là.

Et Mouflard s’approcha de Lampsac.

— Non, non ; Jignac te la contera lui-même ;