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mais que nous jugeons nécessaire pour la suite de notre histoire et pour mettre en relief le caractère de Julienne.


CHAPITRE IV

HISTOIRE DE JULIENNE, DE MADAME LA TROUPE ET D’HELMINA


— Vous me demandiez tantôt, Helmina, dit Julienne, si je connais Mme La Troupe ; c’était une des meilleures amies de ma pauvre défunte mère. Mme La Troupe était riche alors, bien riche ; vous comprenez maintenant ma surprise, lorsque je vous ai entendue dire qu’elle était aubergiste. Son mari était un des plus gros marchands de nos endroits ; il avait son magasin à trois ou quatre portes de notre maison ; oh ! le beau magasin ! quand j’y pense encore ! Comme il y avait de belles et bonnes choses ! C’était le magasin de tout ce qu’il y avait à la mode, de plus riche, de plus précieux. Nous n’avions pas de plus grand plaisir, maman et moi, que d’y voir entrer à toute heure du jour de belles dames, de jolies demoiselles qui ne font et n’ont à faire que cela, à courir les rues et les magasins. Tous les jours c’étaient des carrosses, toutes sortes de belles voitures qui arrivaient devant notre porte ; enfin le magasin était toujours foulé de monde. Vous pouvez penser tout l’argent que M. La Troupe amassait !

« Sans compter son magasin, M. La Troupe avait encore trois ou quatre belles terres qu’il faisait cultiver par des ouvriers ; mon père en était un et jouissait auprès de son bourgeois de la plus haute estime, parce qu’il était vigilant et laborieux ; il ne nous voyait que le dimanche ; toute la semaine il conduisait à la campagne les travaux de la ferme.

« Mme La Troupe aimait, comme je vous l’ai dit, beaucoup ma mère ; elles avaient été élevées ensemble ; elle la faisait travailler et la récompen-