Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
LA FILLE

celui de Stéphane. Au reste, tenez, voilà la jeune fille qui revient ; faites-y attention.

Stéphane, en voyant paraître Helmina, se leva et allant au-devant d’elle, il lui prit la main et la conduisit jusqu’au sofa.

— J’ai craint, mademoiselle, lui dit-il avec douceur et en lui souriant avec amour, que cet orage n’eût pour vous des suites funestes ; mais je vois avec satisfaction qu’il n’en sera rien.

— Vous êtes vraiment trop bon, monsieur, lui dit Helmina, en baissant la vue, et je vous remercie de l’intérêt que vous semblez me porter.

Maître Jacques fronça le sourcil ; Émile coudoya légèrement Henri qui, de son côté, fit à Stéphane un signe d’encouragement accompagné d’un sourire qui le fit rougir ; mais il ne fit pas semblant d’avoir compris.

— Eh bien ! dit Émile à l’oreille d’Henri, ne vous l’ai-je pas dit ?

— Ma foi oui, dit Henri, ça en a pas mal l’air.

Cependant l’orage avait entièrement cessé ; la lune commençait à percer les nuages ; on n’entendait plus que le pas lourd et traînant du “watchman”. Maître Jacques se leva tout d’une pièce et les poings sur les côtés, et après avoir dédaigneusement jeté les yeux dans la chambre, il sortit avec sa fille en saluant du bout de ses doigts.

Un instant après on entendit le bruit d’une voiture qui se dirigeait dans le chemin qui conduit aux plaines d’Abraham.


CHAPITRE II

CE QUE PEUT UNE ÉTINCELLE


Le jour n’était pas bien loin de paraître ; l’aurore avait remplacé les ténèbres épaisses de la nuit ; Stéphane frappait à la porte d’une vaste maison en pierre grise située au centre de la ville. En arrivant dans sa chambre il s’était mis au lit dans l’espéran-