prouver ce que je viens d’avancer. Puis ouvrant la porte : Maurice, s’écria-t-il, Maurice !
Maître Jacques frémit horriblement.
— Voilà, ajouta M. des Lauriers, voilà l’homme qui va te condamner ; c’est lui qui m’a tout déclaré. Tu ne diras pas qu’il en a inventé ; tu sais qu’il connaît tous tes crimes aussi bien que toi…
— Parle Maurice ! N’est-il pas vrai que c’est maître Jacques qui t’a perdu, qui t’a entraîné dans le crime ?
— C’est vrai.
— Il ment, le pendard, il ment, dit maître Jacques, ou que Satan m’enveloppe !
— Tais-toi, monstre !
— Quand je le voudrai.
— Et Julien, continua M. des Lauriers, ne doit-il pas tout son malheur, sa scélératesse à maître Jacques ?
— C’est encore vrai.
— Et pour tout dire en un mot, peux-tu affirmer que tous les crimes dont Québec a été le théâtre depuis quelque temps, ont été commis par lui ?
— Je puis le jurer.
Maître Jacques fut près de se jeter sur Maurice.
— Venons maintenant, dit M. des Lauriers, à ce qui nous regarde plus particulièrement. Il y a quelques jours, ne t’a-t-il pas montré une lettre que je lui envoyais et dans laquelle je lui redemandais ma fille ?
— Je ne nie pas cela, dit maître Jacques pour faire voir qu’il était sincère.
— Et nieras-tu que, pour favoriser ta passion honteuse, pour enlever ma fille à un jeune homme estimable qui l’aimait, tu l’as fait enlever et transporter dans le bois du Cap-Rouge ? Nie-le, si tu l’oses.
— Je le nie.
— C’est vrai, dit Maurice ; il ment.
— Tu mens toi-même, vil coquin, dit maître Jacques en lui lançant des regards foudroyants.