fendu notre vie contre eux ; les misérables ont voulu soutenir jusqu’à la fin leur scélératesse !
— Quelle mort ! dit Helmina… et quelles terribles suites… Que Dieu ait pitié de leurs âmes…
Il y a quelques jours, Helmina traversait les mêmes sentiers qu’elle parcourt aujourd’hui ; mais alors c’était une marche pénible, affreuse ; elle allait à la mort, guidée par ses bourreaux, à présent elle court vers le bonheur ; ses pas sont légers, sa marche est aisée… l’espérance donne des ailes. Ce bois du Cap-Rouge qui lui avait paru si effrayant lui paraît aujourd’hui majestueux ; il n’est plus éclairé par la lueur rapide de l’éclair, mais par les rayons d’un soleil radieux qui commence à s’élever au-dessus de la cime des plus grands arbres ; elle n’y entend plus les jurements et les imprécations des brigands, mais le ramage d’une foule de petits oiseaux qui se bercent sur toutes les branches, et semblent vouloir partager son bonheur.
Helmina ne peut alors fermer son cœur à des sentiments de reconnaissance et d’admiration pour Dieu ; alors elle commence à croire et à répéter en elle-même cet adage du vieux temps : L’orage ne peut pas toujours durer…
— Est-il bien vrai, Maurice, dit Helmina, que vous ne m’avez pas trompée en me disant que j’allais retrouver mon père ? Hélas ! comment pourrais-je le croire ?
— Croyez-le, Helmina, vous êtes sur le point de le voir ; j’entends les branches qui plient : c’est lui. En effet, M. des Lauriers, impatienté d’attendre et craignant qu’il ne fût arrivé quelque malheur, s’était avancé à une petite distance dans le bois. Maurice se mit à siffler, c’était le signal convenu pour se reconnaître ; et M. des Lauriers parut ; et se précipitant dans les bras d’Helmina :
— Ô ma chère petite fille, je te revois enfin ! s’écria-t-il avec joie.
— Ô mon père ! dit timidement Helmina…