délivrance, le chant de l’hymen, le triomphe de l’amour constant ? n’entendez-vous pas au-dedans de vous-mêmes une voix mystérieuses qui vous répète souvent : Espérez… l’orage ne peut pas durer toujours…
Ô Helmina… ô Julienne, filles de prédilection, vierges chéries du ciel ; nous vous le répétons avec toute la nature : Espérez, le temps du bonheur va paraître ; car il est bien en nous aussi une voix qui nous dit : L’orage ne peut pas durer toujours…
Les jeunes filles venaient d’ouvrir les yeux à l’obscurité de leur prison, lorsqu’elles entendirent tout à coup le craquement lointain des branches, et un bruit de pas précipités qui approchaient sensiblement ; puis, bientôt après, elles entendirent le murmure d’une conversation assez animée.
— Voilà une voix, dit Helmina en prêtant l’oreille, qui ne m’est pas tout à fait inconnue ; je puis assurer au moins que ce n’est pas celle de maître Jacques ; qu’en dites-vous, Julienne ?
— Ô mon Dieu ! s’écria Helmina en tremblant au bruit de deux coups de feu qui retentirent et allèrent se perdre lentement dans l’épaisseur du bois. Puis, aussitôt après, la porte s’ouvrit violemment, et deux hommes parurent.
— Que vois-je ? dit Helmina ; Maurice ! est-ce bien vous ?
Et elle tomba à ses genoux.
— Et toi, Julienne, tu ne me reconnais donc pas ? dit Julien en la serrant dans ses bras.
— Ciel ! mon père !… je vous vois donc encore une fois avant de mourir… je ne demande plus rien, je mourrai contente…
— Tu ne mourras pas, ma chère fille ; tu vivras pour pardonner à ton malheureux père.
— Et vous aussi, pauvre Helmina, dit Maurice, vous vivrez pour m’inspirer votre vertu !
— Vous allez enfin être rendues à la liberté ; un bonheur sans bornes vous attend ; il y a déjà assez longtemps que nous risquons notre vie pour le crime, aujourd’hui nous devons la risquer pour le