Page:L'Écuyer - La fille du brigand, 1914.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
DU BRIGAND
121

que cet amour ne vînt à avoir des suites funestes à ses affaires, il a fait transporter Helmina dans un souterrain, lui a avoué qu’il n’était pas son père et lui a demandé sa main. Elle a refusé entièrement.

— Quelle grandeur d’âme !

— Ce refus, continua Maurice, a tellement exaspéré maître Jacques, qu’il a juré à Helmina qu’elle mourrait dans son cachot. Et alors il lui a déclaré qu’il était le chef des brigands.

— Quel enchaînement d’infâmies !… mais comment aurait-il soutenu devant moi ?…

— Il avait l’intention de vous tromper en vous disant qu’Helmina avait été enlevée.

— Le scélérat !… et vous saviez tout cela, monsieur, et vous n’avez pas eu le courage de l’empêcher ?

— Je n’en ai pas eu la force ; maître Jacques a su se rendre si redoutable !… dit Maurice avec regret et confusion.

— Je vous le pardonne, dit M. des Lauriers, en considération de votre repentir et des aveux que vous venez de me faire ; de votre côté, j’exige que vous accomplissiez votre promesse et que vous me rendiez ma fille. Mais avant faites entrer ce monsieur qui est dans l’autre chambre et qui attend avec tant d’impatience ; je vais tout lui confier.

Maurice ouvrit la porte et introduisit Émile.

— Permettez-moi, monsieur, dit M. des Lauriers en allant au-devant de lui et en lui serrant la main amicalement, de vous faire une question qui vous paraîtra d’abord indiscrète : n’est-il pas vrai qu’un de vos amis, monsieur… Comment le nommez-vous, Maurice ?

— M. Stéphane, c’est le seul nom que je lui connaisse.

— Vous voulez parler de Stéphane D… ? demanda Émile.

— Stéphane D… ! dit M. des Lauriers avec surprise ; mais, mon Dieu, je connais son père comme mon « Pater », c’était un de mes meilleurs amis.