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LA FILLE

sur les pierres avec frénésie ; puis s’arrêtant tout à coup et pour tâcher de mortifier la jeune fille.

— Helmina, lui dit-il, cette lettre que tu as vue, je l’ai feinte ; ton père est encore vivant, peut-être est-il arrivé en ce moment dans cette ville ; mais tu mourras sans le voir.

— Tu mens, infâme brigand, tu mens, dit Helmina.

— Tais-toi, fille impudente, je te dis que ton père vit encore, et si tu pousses ma fureur à bout, je t’emporterai dans quelques jours sa tête sanglante.

Helmina commençait à croire.

— Écoute, dit-elle, que me demandes-tu pour que je le vois ?

— Ton amour.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! dit Helmina, toujours cela.

Puis elle commença à pleurer.

— Ah ! ah ! jeune fille, dit maître Jacques avec une satisfaction d’enfer, tu veux me résister, mais tu le paieras cher ; penses-y bien.

Puis il fit semblant de partir.

— Attendez un peu, cruel, dit Julienne en tombant à ses genoux, pitié, pitié pour de pauvres enfants comme nous. Nous sommes incapables de te nuire ; laisse-nous aller en liberté, et nous jurerons de ne jamais dévoiler l’ignoble mystère que tu viens de nous expliquer.

Maître Jacques jeta un éclat de rire sardonique.

— Y penses-tu, jeune fille, pour qui me prends-tu ?

— Pour un homme qui n’a pas encore éteint toute sensibilité dans son cœur, continua Julienne en lui prenant la main et en l’arrosant de larmes. Oh ! j’en suis persuadée, monsieur, vous ne rejetterez pas plus longtemps la prière de pauvres jeunes filles que vous avez paru tant aimer jusqu’aujourd’hui. Consentez au moins à ce que nous retournions chez Madelon.

— Jeune fille, dit maître Jacques, ma résolution est prise ; ne pense pas me fléchir par tes lamenta-