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DU BRIGAND
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fortifier dans sa terreur. Un tremblement nerveux s’empara d’elle ; elle se crut réellement sous la domination des esprits, sous le sceptre d’un tyran.

Ô Helmina, tu n’as point fait de rêve ; ton imagination ne t’a rien exagéré cette fois !…

Tout à coup elle entendit un bruit sourd de pas précipités autour de la maison ; puis un murmure de voix étouffées ; un frôlement ménagé, un cliquetis d’armes. Elle se leva doucement, puis gagnant le lit de Julienne :

— Julienne, dit-elle en l’éveillant, entends-tu ?

— Quoi, Helmina ?

— Entends-tu ? répéta Helmina en tremblant.

— Mais non, je n’entends rien.

— Écoute ; ils approchent…

— Oh ! mon Dieu, dit Julienne en se mettant sur son séant…

— Ce sont des brigands, Julienne ; qu’allons-nous faire ? de pauvres femmes seules !…

— Ils approchent encore !… Seigneur, ayez pitié de nous !… Éveillons Madelon.

Et Helmina courut à son lit.

— Madelon, des brigands, dit Helmina en lui tirant le bras.

— Tiens, tiens, dit Madelon en bâillant, allez donc, hein, c’est l’vent.

— Non, Madelon, j’vous assure, j’ai entendu marcher et parler.

— Ah ! ben dame, si vous l’avez dans votre tête.

Et Madelon se leva tout endormie et renversa une chaise avec violence.

Puis il y eut un silence terrible au dedans et au dehors.

Les brigands étaient immobiles comme des statues.

— Ils sont éveillés, mille damnations, dit Lampsac ; il faut les laisser recoucher.

— Oui, ça s’ra mieux, dit Bouleau, il vaut toujours mieux faire les choses sans fracas.

— Et sans danger, n’est-ce pas ? flandrin de