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LA FILLE

Julienne lut ce qui suit :

« À ma chère Helmina… »

— Hein ! c’est chaud ! c’est chaud ! dit Madelon.

« J’ose espérer que vous ne rejetterez pas ce léger souvenir d’un homme qui vous adore et qui n’aspire qu’au moment de vous prouver d’une manière plus sensible l’amour, que vos charmes ont glissé dans son cœur. S’il m’était permis de lire dans l’avenir, si je pouvais, sans témérité et sans blesser votre délicatesse, porter mes regards dans les replis secrets de votre pensée, aurais-je le bonheur d’y découvrir quelque faveur, quelque inclination à mon égard ? J’ai en moi le sentiment intime, quoique peu fondé, que vous daignerez au moins me faire parvenir quelques-unes de ces paroles si douces et si expressives dont j’ai ressenti tout dernièrement l’influence.

« Tout à vous,
« Tout à vous,
« STEPHANE D… »

— Ah ben, en v’là pourtant une lettre à mon goût, s’écria Madelon en frappant du plat de sa main sur l’épaule d’Helmina. Sainte Anne du bon Dieu, comme c’est ben tourné ! mais ça dit dedans qu’vous avez reçu queuque chose, il m’semble, hein ?

Helmina lui passa la boucle de cheveux.

— Tiens, c’t’idée ! avez-vous vu c’coup ! Oh ! p’tit Jésus ! dit Madelon en examinant avec une scrupuleuse attention ; justement les cheveux du défunt p’tit Pierre, mon p’tit garçon ; mais c’est frappant ! Dieu des bons anges ! les beaux cheveux ! Écoutez donc, ma fille, vous devez être fière comme une reine au moins d’avoir un « merle » aussi futé qu’ça.

Helmina ne répondit rien.

— Écoutez-moi, Helmina, il faudra placer ces cheveux dans un p’tit cadre, faut garder ça ; pas vrai, Julienne ?