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L’Écriture Phonétique Internationale

On appelle écriture phonétique un système d’écriture d’après lequel on écrit une langue comme elle se prononce. Il y a dans presque toutes les langues beaucoup de mots écrits phonétiquement, c’est-à-dire comme ils se prononcent ; ainsi en Français ni, si, lu, bu, nu, sel, bec, sec, sac, bac, roc, cor, sur, pur, avec, ami, képi, curé, sofa, été, canapé, aplanir, démolir, amiral, animalité. Mais il y en a d’autres, en grand nombre, qui ne le sont pas ; ainsi eau qui se prononce o, tort et loup dont la dernière lettre est muette, chant et champ qui s’écrivent différemment et se prononcent de même, les fils qui se lit lé fil ou lé fiss, etc.

Dans une écriture phonétique, ces mots s’écrivent comme ils se prononcent, aussi bien que les autres.

On a reconnu depuis longtemps qu’une écriture phonétique est indispensable pour certaines choses ; ainsi la sténographie, et l’étude de l’histoire des langues.

Plus récemment on a songé à s’en servir pour enseigner les langues étrangères ; et on s’est aperçu qu’elle pouvait rendre, dans ce domaine, des services considérables. En effet, quand on se sert de l’orthographe traditionnelle dès le début, on est constamment gêné par les contradictions entre cette orthographe et la prononciation, et les progrès des élèves sont retardés et rendus difficiles. Au contraire, en représentant la véritable prononciation par une écriture phonétique, on la fixe rapidement dans la mémoire, et les progrès sont bien facilités. Ce n’est ensuite qu’un jeu d’enfants d’apprendre à lire et à écrire l’orthographe traditionnelle. Ici, comme partout, il y a avantage à diviser et à graduer les difficultés.—Des expériences innombrables ne laissent aucun doute à cet égard.

Précieuse pour l’enseignement, l’écriture phonétique devient plus nécessaire encore pour l’étude des langues faite sans maître. Quiconque en possède la clé peut étudier une langue inconnue, vivante ou morte, sans être arrêté à chaque instant par la difficulté de savoir comment doivent se lire les mots qu’il voit écrits. L’avantage qui résulte de là est surtout précieux pour les langues à écriture bizarre et compliquée : Arabe, Hébreu, Chinois, Japonais, etc. De même aussi l’écriture phonétique est indispensable pour recueillir d’une manière utile les mots d’une langue non encore écrite ; elle rend ainsi les plus grands services aux voyageurs, explorateurs, missionnaires, fonctionnaires coloniaux, et aussi aux personnes, spécialistes ou non, qui s’intéressent aux charmants patois populaires de nos campagnes.

Mais l’écriture phonétique trouve aussi son application dans l’enseignement de la langue maternelle. Autant c’est long et laborieux d’apprendre à lire à un enfant par les méthodes usuelles, autant c’est facile de lui apprendre à lire les textes phonétiques ; et quand une fois il lit ceux-ci couramment, il apprend en un rien de temps à lire l’orthographe courante. Il y a là un procédé pédagogique dont on n’a pas encore fait usage suffisamment ; on pourrait en tirer un grand parti, notamment pour l’enseignement des illettrés, et aussi