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L’ÉCHO DES JEUNES

par la douce berceuse. Ses traits se détendirent en un sourire heureux ; il joignit les mains, écoutant, extasié.

— « Je t’aime, disait-elle — et sa voix passait, dans l’air embaumé, plus douce que les brises murmurantes et plaintives frissonnant, aux soirs d’été, par les saules tremblants — je t’aime, entends-le bien, cruel enfant qui doutes, je t’aime, oh ! plus que je ne puis te dire…

— « Je voudrais t’emporter loin d’ici, de partout, dans un pays de rêve, aux horizons vermeils, où nous serions heureux. Seuls. Et les soleils mourants, comme les jeunes soleils, nous verraient toujours beaux, toujours purs, nous aimant. Loin de nous la Vieillesse, la Mort s’en iraient, détournant la tête, nous laissant aux Baisers. Les nuits s’empliraient de parfums ; les harmonies de souffles invisibles, bruissant dans les ramures, flotteraient dans leur ombre. Puis des flambées d’étoiles s’allumeraient aux cieux, comme des torches nuptiales, versant sur nous, par les espaces radieux, des ondes de lumière… »

— Droite, elle parlait, transfigurée d’amour, la courtisane pâle, aux lèvres rouges, prêtresse d’idéal, dont un rai de soleil, glissant à travers les tentures mal jointes, auréolait d’un nimbe d’or le profil, aux lignes impeccables de marbre grec.


Près d’elle, un grand lys se penchait,
achevant de vivre.


IV


De la fleur pure, un frêle arôme monta,
s’exhalant, comme le dernier soupir
d’une vierge.


— Plus triste alors, avec un sourire navré, elle reprit