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son passage, aux promenades, aux concerts et aux spectacles, en un mot il s’était tout-à-fait laissé prendre au piège qu’on lui avait tendu : le papillon tournait autour de la flamme et ne demandait qu’à se brûler les ailes.

Engraving made for the serial novel Le Prince Formose
Engraving made for the serial novel Le Prince Formose

Un soir, elle se trouvait au Cirque ; M. de Larcy, qui l’avait suivie, s’était senti le courage de prendre une place, restée vacante, auprès d’elle ; tout à côté de cette femme qui le subjuguait, il n’avait des yeux que pour l’admirer, sa langue restait glacée à son palais ; en vain la Coradini laissa tomber deux ou trois fois son mouchoir par distraction, le jeune homme se hâta de le ramasser et le rendit avec la respectueuse politesse d’un gentleman. Cette retenue impatientait l’Italienne, peu habituée à ces lenteurs ; cependant elle dissimula son dépit, car elle ne pouvait douter, à la pâleur répandue sur le visage du vicomte, du rude combat que se livraient son amour et sa timidité.

Tout-à-coup elle aperçut à quelques pas Formose qui suivait depuis une demi-heure, avec un intérêt croissant les scènes de cette petite comédie de salon. Le prince venait de comprendre l’embarras de la Coradini, il lui porta immédiatement secours ; il s’approcha d’elle avec les marques de la plus grande déférence et lui présenta ses hommages les plus respectueux ; tout cela fut exécuté de la façon la plus simple, après quoi il salua M. de Larcy, entra en conversation avec lui, et lui demanda la permission de le présenter à Mme la comtesse Coradini, qu’il avait eu l’avantage de connaître à Naples, du vivant de son mari ; le jeune homme accepta avec joie. La Coradini, pour mériter le titre dont l’avait gratuitement gratifiée Formose, eut soin de rougir avec assez de naturel aux premiers mots que lui adressa M. de Larcy ; la conversation, entamée d’abord par le prince, fut soutenue avec esprit et enjouement par le vicomte, qui avait eu le temps de se remettre ; il trouva même moyen de tirer en l’honneur de la Zanetta un feu d’artifice de compliments qui fut agréé avec une candeur parfaitement jouée. Vers le milieu de la soirée, la Coradini ayant manifesté l’intention de se retirer, Formose offrit son bras à la prétendue mère de l’Italienne, et laissa à M. de Larcy le soin de conduire la jeune femme. La Zanetta s’appuya avec une grâce charmante