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dans les ténèbres, qui ne s’est pas corrompue dans une atmosphère viciée, mais qui a grandi libre et fière au soleil, s’abreuvant de lumière et de grand air, et qui nous a légué la vigoureuse constitution dont jouit aujourd’hui notre société. Nous féliciter de celle-ci, c’est proclamer la richesse du sang que nous tenons de nos ancêtres.

Après cela, il est juste de reconnaître que nos premiers siècles ont eu les défauts inhérents à toutes les enfances. Le tempérament social de cet âge a péché par une exubérance de fougue et par un manque de discipline qui se traduisait souvent en éclats violents, et une barbarie mal domptée y apparaît, même aux heures les plus belles, dans les manifestations de la vie individuelle et publique. Nos pères ont été trop souvent égarés par l’imagination, ils ont été trop souvent le jouet d’un idéalisme tellement absolu, que parfois il semblerait qu’ils ont vécu en plein rêve. Ils n’avaient pas assez de confiance dans leur raison ; ils répétaient trop volontiers le magister dixit, ils se soumettaient trop facilement à des autorités intellectuelles respectables sans doute, mais qui les empêchaient parfois de penser par eux-mêmes. Ils étaient d’ailleurs trop inexpérimentés pour apprécier à sa valeur la civilisation dont ils jouissaient ;