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antérieurs, et nullement l’étrangère qui vient jeter sur le marché des peuples européens les richesses d’un monde nouvellement trouvé. Il y a sans doute, dans la Renaissance, quelque chose de nouveau que le moyen âge a ignoré, et c’est, je le répète, la conception païenne de la vie qui, à partir d’elle, a prévalu dans certains milieux lettrés. Mais cet élément a avorté comme une greffe mal venue sur un tronc vigoureux, et il est bien certain qu’il n’entre pour rien dans le progrès ultérieur de la civilisation. Par contre, tout ce qui, dans la Renaissance, a survécu, ce sont les éléments par lesquels elle se rattache à la tradition catholique et populaire du moyen âge.

De ce que nous venons de dire, on peut déjà conclure que nous ne sommes pas de ceux, s’il en existe, qui croient que le moyen âge avait réalisé l’idéal d’une société et que le progrès pour notre siècle consiste à rétrograder vers lui. Non, il est bien permis aux peuples comme aux individus, de se retourner avec un souvenir attendri vers les riantes années de leur enfance, sans qu’il faille pour cela les suspecter de vouloir redevenir enfants. Le moyen âge est l’époque de nos jeunes années ; nous le saluons comme une enfance saine et vigoureuse, qui ne s’est pas étiolée