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qui n’est lui-même que la traduction de l’oracle d’Ulpien : Quod principi placuit legis habet vigorem. En matière d’art et de littérature, nous avons formellement rompu avec la classicisme et nous retournons aux traditions nationales, aux sources de l’inspiration populaire et chrétienne. Et cette conception toute païenne de la vie, qui faisait graviter l’âme tout entière sur ces deux pôles : la volupté et la gloire, le génie moderne l’a répudiée aussi : il assigne comme mobile aux efforts individuels le sentiment de la solidarité humaine et un amour désintéressé du progrès social.

À tous ces points de vue, nous tendons la main à nos ancêtres du moyen âge par dessus la Renaissance, et nous rentrons dans les sentiers d’où elle nous a fait sortir.

Est-ce à dire que, réagissant contre un excès par un autre, nous songions à nier les bienfaits dont nous sommes redevables à la Renaissance et jeter hors du trésor de la civilisation la part qu’elle y a apportée ? Non, sans doute. L’humanité n’a pas le droit de se mutiler elle-même, et elle doit accueillir avec reconnaissance toute œuvre qui contribue à augmenter sa puissance intellectuelle et morale. Or, la Renaissance a été un des plus splendides phénomènes