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Voilà comment le mot moyen âge, avec l’acception qu’il a aujourd’hui, a passé en fraude dans le langage de l’historiographie, sans pouvoir produire un état civil en règle, puisqu’il n’est que le résultat d’une confusion. Encore n’est pas aux historiens, à proprement parler, que revient la responsabilité du malentendu. Les vrais coupables, ce sont les pédagogues. Le besoin de classifier et de faire des catégories est en quelque sorte le trait caractéristique des gens d’école ; voilà pourquoi c’est un professeur, Christophe Keller, plus connu sous son nom latinisé de Cellarius, qui a le premier introduit le mot dans le titre d’un de ses manuels scolaires, en 1688[1]. Un autre homme d’école, Loescher, le reprit dans un manuel en langue allemande, publié en 1725[2], et, depuis lors, il s’est maintenu dans le vocabulaire de l’enseignement en même temps qu’il s’infiltrait peu à peu dans la langue littéraire.

C’est seulement à partir de la seconde

  1. Chr. Cellarii, Historia Medii Aevi, a temporibus Constantini Magni ad Constantinopolim a Turcis captam deducta. Iena, 1688.
  2. Die Historie der Mitteleren Zeiten, als ein Lich aus der Finsterniss vorgestellet, von Val. Ernst Loescher, Leipzig, 1725.

    On peut lire utilement sur cette question de terminologie O. Lorenz, Die Geschichtswissenschaft in ihren Hauptrichtungen und Aufgaben kritisch eroertert. Berlin, 1886.