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rablement les limites qu’ils avaient d’abord assignées à leur « moyen âge ». Considérant qu’à partir du XVIe siècle la latinité, régénérée par eux comme ils croyaient, était censément retournée à sa pureté primitive sous leur plume, ils virent dans leur temps le commencement d’une quatrième et nouvelle phase de la latinité, celle de sa renaissance. Quant à la deuxième et à la troisième, qui, l’une et l’autre, avaient marqué une décadence du latin, elles furent désormais confondues en une seule, pour laquelle ils gardèrent le nom de moyenne. Et ainsi le moyen âge de la latinité s’étendait depuis le déclin de l’Empire romain sous Constantin le Grand jusqu’à la Renaissance.

Cette fois encore, les historiens emboîtèrent le pas aux philologues. Et de même que ceux-ci considéraient nos dix premiers siècles chrétiens comme intercalaires au point de vue de la latinité — thèse qui peut être soutenue et combattue avec des arguments d’égale valeur — de même les historiens, par un funeste instinct d’adaptation, s’habituèrent à les regarder comme intercalaires au point de vue de la civilisation. L’échange des vocabulaires produisait l’échange des points de vue, et la confusion des idées jaillissait de la confusion des termes.