Page:Kurth - Qu’est-ce que le moyen âge, discours, 1898.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10

taines de l’Orient, d’où elles ne rapportent que la lèpre pour tout prix de leurs exploits[1]. Mais ce terrible fléau est impuissant à leur enseigner la propreté ; nos ancêtres croupissent dans une répugnante saleté tant que dure ce malheureux moyen âge, car, c’est Michelet qui le dit, pas de bain pendant mille ans[2] !

Avec cela, aucune des consolations que la vie intellectuelle garde en réserve pour ceux qui y participent. Pas de science et pas d’écoles, l’Église ayant intérêt à entretenir l’ignorance. Pas d’effort de la pensée et pas de philosophie : toute activité spontanée de l’esprit passe pour un péché contre la foi. Pas d’art, sinon des monuments qui, paraît-il, nous viennent des Arabes, et dont on n’a pu exprimer la barbarie qu’en inventant pour les qualifier l’épithète de gothique, qui est

  1. « Les chrétiens, après avoir élevé de nouveaux royaumes de courte durée, dépeuplé le monde, ravagé la terre, commis tant de crimes, de grandes et d’infâmes actions, ne rapportèrent enfin que la lèpre pour fruit de leurs entreprises. » Dictionnaire encyclopédique, s. v. lèpre.
  2. Michelet, La sorcière, p. 116. « Cette société subtile et raffinée, qui immole le mariage et ne semble animée que de la poésie de l’adultère, elle garde sur ce point un singulier scrupule. Elle craint toute purification comme une souillure. Nul bain pendant mille ans ! Soyez sûr que pas un de ces chevaliers, de ces belles si éthérées, les Parceval, les Tristan, les Iseult ne se lavaient jamais. » (sic) !