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recueil des fausses Décrétales, qui affermissent son autorité sur le mensonge.

L’Église, complice des grands, asservit et abrutit les peuples : elle laisse, sans protester, s’exercer pendant des siècles cet infâme droit du seigneur qu’on ose à peine nommer dans une société honnête, elle ne s’indigne même pas lorsqu’au retour de la chasse, les seigneurs font ouvrir le ventre de leurs manants pour y prendre un bain de pieds chaud[1].

Plongées dans une morne stupeur, les populations qu’on traite de la sorte n’ont plus qu’une seule espérance, et c’est l’effroyable espérance du jugement dernier[2] : elles comptent sur la fin du monde pour l’an 1000, et elles sont tout étonnées que le premier jour de cette année fatidique trouve encore le monde debout.

Jouets inconscients d’un clergé cupide et fanatique, elles se laissent entraîner par lui, pendant des générations, aux boucheries loin-

    dis que la papauté se débat péniblement au milieu des difficultés que lui crée sa souveraineté temporelle, elle en fabrique les titres : ayant le fait, elle veut procurer le droit. »

  1. Girault de Saint-Fargeau, Dictionnaire géographique, historique, etc., de toutes les communes de France. Paris, 1848, t. II, p. 656. Ouvrage « publié avec les encouragements du ministre de l’intérieur et du ministre de l’instruction publique ».
  2. Michelet, Histoire de France, t. II, p. 135.