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voltairien attardé. Se peut-il un tableau plus triste, plus répugnant, plus odieux ?

Voyons plutôt.

Le règne du christianisme commence par l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, qui détruit le patrimoine intellectuel de l’humanité ; il se clôt par les bûchers de l’Inquisition, qui brûle ceux qui travaillent à le reconstituer.

Entre ces deux embrasements, dans le demi-jour sinistre qu’ils rougissent de leurs flammes et qu’ils voilent de leur fumée, nous découvrons la succession des lugubres tableaux qui valent au moyen âge le mépris de tous les amis de l’humanité.

Quel spectacle !

Un concile délibère gravement sur le point de savoir si les femmes ont une âme, et une femme, sans doute pour venger son sexe et pour mystifier un épiscopat peu galant, parvient à escalader le siège de saint Pierre.

C’est au moment même où elle vient de donner un pareil scandale, que la papauté travaille avec le plus d’ardeur à la fabrication de faux titres. Après avoir, au VIIIe siècle, fabriqué de toutes pièces la fausse donation de Constantin[1], elle invente, au IXe, le

  1. V. Lavisse et Rambaud, Histoire générale, t. I, p. 305 : « Tan-