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« Je viens de jeter un coup d’œil sur mon premier acte de Tristan, et je confesse qu’il m’a singulièrement relevé le moral. Ce sera un remarquable morceau de musique, j’éprouve un furieux besoin d’en communiquer quelque chose à n’importe qui ; mais je crains que cette disposition ne m’entraîne à le lire à Berlioz, sans savoir si ma belle musique inspirera à celui-ci horreur ou dégoût. Hélas ! que ne suis-je auprès de toi ! »

Par la même lettre, nous apprenons que, dès lors, Wagner s’était entendu avec les éditeurs Breitkopf et Hærtel, de Leipzig. Il devait recevoir, pour l’œuvre entière, deux cents louis d’or ( !), dont cent payables après la réception du premier acte, moyennant quoi la maison Breitkopf et Hærtel s’engageait à graver la partition immédiatement. Dans une lettre postérieure de quelques mois, il avoue à Liszt, avec un plaisant cynisme, que c’est le besoin d’argent et la perspective de toucher ses honoraires qui lui avaient fait hâter l’achèvement du premier acte[1].

Il est certain qu’il ne mit pas tout d’abord autant d’empressement à écrire le deuxième. Il paraît

    se répandit, dès lors, dans les journaux allemands, que le « compositeur Richard Wagner était à Paris pour s’entendre avec la direction du Grand-Opéra au sujet de la représentation de Tannhæuser ». Wagner lui-même fit démentir cette nouvelle, plus que prématurée, inexacte. Dans une lettre à son ami Fischer, il explique qu’il était allé à Paris, afin de prendre les mesures nécessaires pour empêcher les théâtres de s’approprier ses œuvres sans autorisation et sans payer de droits. C’est probablement à cette époque que Wagner fit adhésion à la Société des auteurs dramatiques. Il fut admis comme membre trois ans plus tard.

  1. L’acte fut envoyé à MM. Breitkopf et Hærtel, le 3 avril 1858