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la démarche demeura sans résultat. Wagner lui-même, sur le conseil de ses amis, adressa, quelques mois plus tard, une lettre au prince héritier Albert. Il ne fut pas plus heureux. « Ô Dieu ! » écrit-il à ce propos à son ami Fischer, « qui aurait pu croire qu’après neuf années de bannissement, il me faudrait renoncer à l’espoir d’être amnistié ! Et cependant, il n’y a pas à tergiverser ; si je n’ai pas avant peu la certitude d’être grâcié, c’en sera fait définitivement de moi ; il est indispensable que je puisse me rafraîchir en exécutant mes œuvres, ou bien, à la fin, je devrai faire mes paquets. »

C’est sous ces impressions peu encourageantes, on en conviendra, que fut composé le premier acte.

Dans les lettres à Liszt, on peut suivre pas à pas les progrès de l’œuvre. Au mois de juillet 1857, il annonce qu’il travaille au poème, lequel est terminé en septembre. À cette date, il en envoie une copie à Liszt. Immédiatement après, il entreprend la composition musicale, et déjà, dans une lettre du 1er janvier 1858, il mande à son ami l’achèvement du premier acte :

« Il faut que je te dise encore qu’hier enfin (31 décembre 1857), j’ai terminé le premier acte de Tristan. Je vais y travailler plus que jamais ; il faut que je puisse le faire jouer, – n’importe où, – au début de la prochaine saison. »

Quelques jours après cette lettre, il est parti pour Paris[1], emportant avec lui son manuscrit ; il écrit de là-bas à Liszt :

  1. On ne sait pas au juste ce qui motiva ce brusque départ de Wagner pour Paris, qu’il annonça à aucun de ses amis. Le bruit