Page:Kufferath - Tristan et Iseult, 1894.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I



Au moment où il entreprit Tristan et Iseult, Wagner venait de sortir de cette période critique de la vie où l’artiste novateur se demande, inquiet de l’avenir, s’il doit persévérer dans la voie suivie jusqu’alors ou faire un retour en arrière, vers le passé.

Au début de sa carrière, il avait pu hésiter entre l’opéra, tel que Spontini, Meyerbeer, Halévy, Verdi et d’autres le concevaient, et le drame lyrique, dont il pressentait vaguement la forme future en se reportant aux chefs-d’œuvre de Gluck, de Mozart, de Méhul, au Fidelio de Beethoven, aux œuvres toutes fraîches de Weber. Ces incertitudes s’étaient maintenant dissipées. Dans l’exil involontaire auquel sa participation au mouvement révolutionnaire de Dresde l’avait condamné à vivre à Zurich, depuis 1849, il avait pu rentrer en lui-même et, heureusement éloigné de toute vie active par son isolement même, concentrer tout