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drame ; celui-ci s’impose par ses beautés seules.

Mais les œuvres de Wagner ne parlent pas uniquement au sentiment ; elles parlent aussi à l’esprit. « L’artiste en Wagner est doublé d’un philosophe », a dit très justement M. Marcel Hébert. « Jamais, en effet, il ne cessa de se préoccuper du sens de la vie et de chercher une solution à l’universelle énigme. Cette solution, il essaya de la dégager des formules abstraites et de la traduire en un langage artistique que chacun peut comprendre[1]. » Voilà pourquoi, s’il secoue les âmes naïves, il fait aussi réfléchir le penseur.

J’ai donc cru faire œuvre utile en groupant au sujet de Tristan et Iseult les documents les plus précis et les plus complets, afin de permettre aux esprits sérieux de comprendre l’œuvre sous ses aspects multiples.

Après avoir rappelé dans quelles circonstances Richard Wagner conçut Tristan, j’examine les rapports de son drame avec la célèbre légende qui lui en fournit le sujet et avec les autres compositions fondées sur la

  1. Marcel Hébert, Trois moments de la pensée de Richard Wagner. Paris, Fischbacher, 1894.