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plutôt que le cri naturel d’une âme qui souffre et qui est prise de pitié.

L’art cesse, en effet, d’être de l’art le jour où ce genre particulier d’activité devient une profession. Aussitôt que l’idée de lucre hante l’artiste, la plus précieuse des qualités de l’art, la sincérité, s’affaiblit et ne tarde pas à disparaître complètement.

À cette cause de décadence de l’art, Tolstoï en ajoute une autre : le développement qu’a pris la critique d’art, « les sots discutant les sages », dit-il !

À la critique, il reproche non sans raison d’avoir enfermé en quelque sorte les artistes dans un cercle étroit de formules consacrées d’où elle ne leur permet pas de se dégager. Je doute cependant qu’un véritable artiste se laisse enchaîner si facilement ; encore serait-il bon d’ajouter que l’exclusivisme dont parle Tolstoï est beaucoup moins l’œuvre des critiques que des chefs d’écoles, des artistes eux-mêmes, qui trop souvent ne voient et ne comprennent que leur art personnel.

À nos écoles professionnelles d’art, Tol-