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universel. Mais s’il est vrai que cet art ne peut émouvoir les classes populaires, s’il n’est pas accessible aux masses, il ne suit pas de là que tout ce qui, dans l’art du présent ou du passé, reste inaccessible à l’intelligence des gens du peuple soit nécessairement de « mauvais art », de l’art « particulariste », de « l’art de classe », comme Tolstoï l’affirme par exemple de la ixe Symphonie de Beethoven.

Il a le raisonnement faussé à ce point par son idée fixe, qu’après s’être élevé évidemment avec raison contre l’art particulariste, contre l’art exclusif, il développe le programme d’un art qu’il croit universel et qui serait en réalité tout aussi particulariste, tout aussi « art d’une classe » que celui qu’il condamne : celui des classes ouvrières.

Il rapporte à ce propos un assez piquante anecdote relative à Gontcharoff, le romancier bien connu, « un homme très instruit et très intelligent, nous dit-il, mais un pur citadin ». Gontcharoff pensait qu’après Tourguenef, rien ne restait plus à écrire sur la vie des classes inférieures.