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tiques, à la plus haute poésie, que certaines de ses œuvres par leur accent douloureux et la sincérité de leur lyrisme, nous touchent profondément, cela n’est pas contestable. Mais s’il est un art nettement particulariste, essentiellement personnel, dénué au suprême degré du caractère d’universalité qu’on doit reconnaître aux grandes inspirations de Bach et de Beethoven, c’est certainement l’art de Chopin.

Dans tous ces jugements, comme en général dans toute la conception esthétique de Tolstoï, il n’y a ni clarté, ni sûreté de déduction, ni compréhension véritable du sujet. Son écrit sur l’Art n’est point une étude philosophique, c’est, au fond, une thèse socialiste dont il entreprend de démontrer les a priori, ce qui le contraint à forcer les conséquences de quelques-unes des observations très justes qu’il formule.

L’un des griefs fondés qu’il adresse à l’art contemporain, c’est d’être un art de facture, de sentiment peu profond, quintessencié, qui se préoccupe de flatter les vices des prétendues classes supérieures plutôt que d’une idée générale ou d’un sentiment