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instrumentales. Ce plan est absolument logique en soi, mais il est subordonné à un mouvement alternatif de sentiments qu’il faut connaître pour se rendre compte de l’idée de l’auteur. Pour nous qui sommes aujourd’hui fixés complètement à ce sujet, la ixe Symphonie n’offre aucune obscurité ; elle nous apparaît, au contraire, comme une méditation sur la vie, comme un chant profondément empreint d’humanité, où l’hymne de joie succède au cri d’angoisse, où la douleur se teinte de résignation, et la tristesse d’espérance en une vie meilleure.

L’inconcevable, c’est qu’après avoir dénié à la ixe Symphonie le titre d’œuvre d’art, Tolstoï, d’un même trait de plume, accorde ce titre de noblesse à certaine Aria de Bach qui est, en effet, admirable par l’ampleur du sentiment, et à certains préludes de Chopin qui sont assurément d’exquis poèmes, mais qu’on ne s’attendait pas à voir rangés dans la catégorie des œuvres de portée générale, accessibles à tous par la simplicité de leur inspiration. Que le chantre attristé de la Pologne s’élève parfois, dans le cadre restreint des rêveries pianis-