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n’est chanté qu’à la fin de la symphonie, la musique de la symphonie entière ne répond nullement à la pensée exprimée par Schiller, car c’est une musique tout à fait particulariste, n’unissant point tous les hommes, mais seulement quelques-uns, qu’elle contribue par là à isoler du reste de l’humanité. »

L’auteur d’Anna Karénine oublie de nous expliquer pourquoi la musique de la Neuvième est particulariste, pourquoi elle isole au lieu d’unir les hommes. Il n’en a donc jamais éprouvé le prodigieux effet sur les auditoires les plus composites ?

S’il est une création particulièrement saillante par la simplicité et la clarté des idées dans l’œuvre symphonique de Beethoven, c’est assurément celle-là. Où trouver un thème plus délicieusement chantant que celui de l’adagio, une mélodie rythmique plus entraînante que celle du scherzo, un chant aux assises plus solides, plus simple, plus populaire (dans le bon sens du mot) que l’ample thème final de l’Hymne à la Joie ? Par quelle aberration du goût et de l’entendement expliquer, chez Tolstoï, la