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si justement le maître de Bayreuth, dans laquelle le sentiment humain se trahit dans son essence, dégagé de tout l’alliage et de tout l’artificiel qui l’obscurcissent dans les religions.

C’est aussi ce que pensait Schiller lorsqu’il écrivait à Gœthe : « Je trouve dans la religion chrétienne, virtuellement, la semence de ce qu’il y a de plus noble et de plus élevé ; ses diverses manifestations dans la vie ne m’offensent et ne me blessent que parce que j’y vois des représentations manquées de cet idéal. » Ce que Schiller dit de la religion chrétienne, on peut le dire de toutes les religions ; elles sont nécessairement la représentation manquée de l’idéal, parce qu’elles s’attachent à individualiser les sentiments que l’Art traduit en leur généralité.

Ainsi, contrairement à ce que pense Tolstoï, l’Art, loin d’être subordonné à la religion, en tant que conscience religieuse d’une époque et d’une race, est une expression indépendante et parfaitement spontanée de celle-ci, sur la base de l’interprétation de la nature.