Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 62 –

Mais il a bien soin de ne pas conclure de cette identité d’essence à la subordination, comme le fait le philosophe russe. Au contraire, il établit avec une netteté admirable le domaine propre de l’Art et de la Religion ou des religions.

« On pourrait dire, écrit-il, que là où la Religion devient une chose artificielle, mission a été donnée à l’Art de sauver le cœur (Kern) de la Religion. Les symboles mythiques que la Religion veut nous faire prendre au sens propre pour des vérités, l’Art les interprète suivant leur signification sensible (sinnbildlich), afin de faire comprendre par une représentation idéale la vérité profonde cachée sous ces symboles. Pour le prêtre, l’essentiel est que l’on tienne les allégories religieuses pour des vérités réelles ; l’artiste, tout au contraire, ne veut rien de semblable, il donne ouvertement et librement son œuvre comme une invention personnelle. »

Voilà qui est parfaitement clair ; ces quelques mots vont bien au fond du problème ; l’opposition des desseins chez le prêtre et chez l’artiste montre d’une façon